CARTHAGO, 2 L'Abysse Challenger, par Christophe BEC et Eric HENNINOT, Les Humanoïdes Associés, 2009
Comme beaucoup je pense, j'attendais ce deuxième tome de Carthago avec impatience. Il faut dire que le premier volume (Le Lagon de Fortuna, Les Humanoïdes Associés, 2007) avait mis en place des intrigues croisées dans des lieux dispersés (la fosse des Tonga dans le Pacifique, l'Aveyron, les Carpates, l'Australie, la Nouvelle-Zélande...) et des plans temporels variés (le début du Miocène, il y a 24 millions d'années; 3200 ans avant notre ère; les années 1991 et 1993; aujourd'hui).
Et nous en étions restés, sur fond de Carcharodon Megalodon (ancêtre du grand requin blanc, 25 mètres) resurgi des abysses, avec:
une multinationale cachant des informations scientifiques capitales pour continuer à exploiter les ressources énergétiques des très grandes profondeurs, avec à sa tête un mystérieux P.D.G. masqué;
des activistes d'un groupe indirectement associé à Greenpeace, bloqués dans leur bathyscaphe et commençant à manquer d'air;
en leur compagnie un peu forcée, une scientifique, maman d'une petite fille munie de branchies et qui a vu des choses sans que personne n'y prête attention;
un multimilliardaire ayant jadis chassé le yéti, collectionnant les vestiges préhistoriques dans son nid d'aigle des Carpates;
et, cerise sur le gâteau, des Aborigènes d'Australie annonçant la fin des temps, et des baleines échouées par dizaines au Cap Gris-Nez...
Le dessin
Vous ajoutez là-dessus les planches spectaculaires d'Eric HENNINOT, habitant complètement la page, aux cases touchant souvent les marges, sans jamais se départir de leur clarté, avec un trait fin, précis, clinique, de temps en temps remplacé et soutenu par des noirs dramatiques.
Cela prenait des dimensions épiques, dantesques (je ne me paye pas de mots, ces adjectifs sont pesés).
Au total, une attente énorme, le désir de voir les choses se nouer, se dénouer, de voir le dessin prendre d'autres dimensions encore, sur la foi du talent déjà aperçu.
Le tome 2
Et voici le tome 2: tous les éléments de l'intrigue avancent d'un saut de puce, de nouveaux éléments (personnages et objets-clés) viennent s'ajouter à une situation déjà complexe.
Le dessin a sagement réintégré des cases bien conventionnelles. C'est clair, c'est soigné, les couleurs sont très travaillées, mais cela somnole.
Puisque l'intrigue s'oriente de plus en plus vers l'Atlantide (et sans doute l'art monumental qui essaime sur la planète), on se rappelle que E.-P. JACOBS nous avait raconté des milliers de choses en un seul volume de Blake et Mortimer...
Alors, de deux choses l'une:
ou bien les auteurs ont savamment orchestré les choses, en ménageant un temps de repos dans l'histoire pour que nous fassions le point et reprenions notre souffle avant le feu d'artifice, avant l'Apocalypse du tome 3, et cela peut être grandiose;
ou bien nous nous installons dans la léthargie d'une série à longue vue qui va petit à petit se désincarner, ce qui est sans rapport avec le talent des deux auteurs.
Comme on le dit souvent dans la bande dessinée: à suivre...
Quelques belles planches des deux tomes sont visibles sur les site des Humanos.
Voici quelques strips parmi mes préférés.
Tome 1
Tome 2